56 000 heures de bruit à 85 dB(A) sans protection pendant toute une carrière

    Dans les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), les professionnels évoluent dans un environnement sonore composé de cris, pleurs, chahuts, chocs de jouets, agitation et déplacements permanents. Selon le SNPPE, ces sources cumulées « génèrent des niveaux dépassant régulièrement les 85 dB(A), seuil de vigilance reconnu par les organismes de prévention ». Sur une carrière complète, une professionnelle peut ainsi être exposée à plus de 56 000 heures de bruit.

    Exposition au bruit dans les crèches

    Cette exposition chronique se produit généralement « dans des espaces réverbérants et insuffisamment aménagés acoustiquement ». Le bruit ne se dissipe pas : il se propage, rebondit, sature l’espace. Le résultat est un environnement acoustique dense, exigeant pour le système auditif et surtout pour la cognition.

    Comme le souligne le SNPPE, les effets ne concernent pas uniquement l’audition. Le bruit continu altère la concentration, la capacité d’attention, la disponibilité émotionnelle, la communication au sein des équipes, et contribue à l’augmentation de la charge mentale. La fatigue cognitive est permanente et la dépense attentionnelle est supérieure à ce qu’on observe dans un environnement calme, même à activité équivalente.

    Il faut insister sur ce point : cette exposition se fait sans aucune protection ni reconnaissance de pénibilité. Pourtant, si ces mêmes niveaux sonores provenaient d’une machine industrielle, des mesures seraient immédiatement exigées : cartographie acoustique, réduction du niveau à la source, suivi audiométrique, mise à disposition de protections, information et traçabilité de l’exposition.

    Le bruit étant émis par des enfants, il reste invisibilisé dans la gestion du risque.

    En France, plus de 400 000 professionnels de la petite enfance sont potentiellement concernés par cette exposition sonore prolongée, dont une grande partie au contact direct des enfants, chaque jour, dans les crèches, micro-crèches et structures collectives.

    Ces 56 000 heures ne peuvent être considérées comme un élément « normal » du métier. Reconnaître le bruit en crèche comme un risque professionnel réel, mesurable et cumulatif est essentiel pour protéger la santé auditive, cognitive et émotionnelle de celles et ceux qui prennent soin des plus jeunes.

    Sources

    – SNPPE, campagne « Les gestes invisibles » (mention >85 dB(A), pénibilité non reconnue, 56 000 heures d’exposition, locaux réverbérants)

    – Ministère des Solidarités et de la Santé : estimation > 400 000 professionnels de la petite enfance

    – Code du travail, articles R.4431-2 et suivants sur les seuils d’exposition au bruit (85 dB(A) seuil de vigilance réglementaire)

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