Audiométrie en santé au travail
L’audiométrie est un outil central pour évaluer l’audition des salariés exposés au bruit. Elle permet de détecter précocement les pertes auditives et d’adapter les mesures de prévention. Dans le contexte professionnel, comprendre les principes de base de l’audiométrie aide les équipes HSE, les infirmiers et les médecins du travail à mieux accompagner les salariés, orienter les diagnostics et garantir une surveillance efficace.

Qu’est-ce que l’audiométrie ?
L’audiométrie est un test subjectif qui mesure les capacités auditives d’un individu. Elle se divise en deux grands volets :
- L’audiométrie tonale, qui évalue les seuils d’audition pour différentes fréquences (de 125 Hz à 8000 Hz) ;
- L’audiométrie vocale, qui mesure l’intelligibilité de la parole, essentielle pour évaluer la gêne réelle dans les situations de communication.
L’audiométrie tonale : seuils, conductions, masquage
L’audiométrie tonale repose sur la détection de sons purs transmis par :
- Conduction aérienne (via des écouteurs) : elle explore l’ensemble du système auditif ;
- Conduction osseuse (via un vibrateur sur la mastoïde) : elle contourne l’oreille externe et moyenne pour tester uniquement l’oreille interne.
Le seuil est le niveau sonore le plus faible que la personne perçoit pour une fréquence donnée.
Masquage : pour éviter que l’oreille non testée ne capte les sons par transmission osseuse, on applique un bruit masquant. Cela garantit la fiabilité du test, notamment en cas de dissymétrie.
Les courbes obtenues permettent de calculer :
- L’indice tonal moyen (500, 1000, 2000 Hz), indicateur classique d’aptitude auditive ;
- L’IPA (Indice Précoce d’Alerte) basé sur les fréquences 3000, 4000, 6000 Hz : utile en cas d’exposition au bruit ;
- L’indicateur de surdité professionnelle, utilisé pour la reconnaissance au titre des maladies professionnelles.
Ces indices permettent d’objectiver la gêne, de suivre l’évolution, et d’alerter en cas de détérioration.
L’audiométrie vocale : comprendre au-delà du seuil
L’audiométrie vocale évalue la capacité à comprendre la parole. Elle complète l’audiométrie tonale en analysant :
- Le seuil d’intelligibilité vocale (niveau pour 50 % de compréhension),
- La pente de la courbe, reflétant la clarté de la compréhension,
- Le score maximum, qui peut être altéré même si les seuils tonaux sont bons.
Elle est indispensable pour :
- Identifier des troubles de perception ou de compréhension,
- Différencier les atteintes cochléaires et centrales,
- Évaluer l’intérêt d’un appareillage ou d’un aménagement du poste.
En pratique : conditions de fiabilité
Pour garantir un test fiable :
- Vérifier l’absence d’obstacle dans le conduit (otoscopie préalable) ;
- Expliquer clairement les consignes au salarié ;
- Réaliser l’examen dans un environnement calme, avec un matériel étalonné ;
- S’assurer que le technicien(ne) en audiométrie soit bien formé(e) et suit un vrai protocole ;
- Veiller à la concentration du salarié, limiter la durée à 20 minutes pour éviter la fatigue.
Conclusion
L’audiométrie est bien plus qu’un simple test d’audition : elle permet d’agir en amont sur les risques liés au bruit et d’accompagner au mieux les salariés exposés. En comprenant les principes de l’audiométrie tonale et vocale, les acteurs de la santé au travail peuvent mieux interpréter les résultats, conseiller les travailleurs et orienter vers des solutions adaptées.