Exposition au bruit et perte auditive chez les agents d’entretien urbain
Cette étude indonésienne de 2018 explore le lien entre l’exposition au bruit et la survenue de pertes auditives chez les agents d’entretien de l’entreprise PPSU située à Jakarta-Nord. Elle met en évidence que les travailleurs exposés à un bruit ≥ 75 dB(A) ont un risque multiplié par 7 de présenter une perte auditive, en particulier s’ils fument ou ont des loisirs bruyants (écoute au casque, karaoké, etc.).

Contexte et objectif de l’étude
Le bruit constitue un risque professionnel majeur, surtout en milieu urbain. Les agents chargés de la voirie, de la taille des arbres ou du nettoyage des égouts, évoluent souvent en bord de route ou utilisent des équipements bruyants. Cette étude vise à analyser l’impact de cette exposition sur l’audition, en contrôlant d’autres facteurs de risque comme l’âge, le tabagisme ou les loisirs bruyants.
Méthodologie
- Population : 45 travailleurs du PPSU (échantillon par convenance).
- Conception : étude transversale (avril à juin 2018).
- Mesures :
- Exposition au bruit mesurée au sonomètre.
- Audiométrie sur les deux oreilles.
- Questionnaire sur les facteurs confondants (âge, antécédents ORL, tabagisme, loisirs bruyants).
- Analyse : régression logistique, calcul des odds ratios (OR).
Résultats principaux
- 60 % des agents présentaient une perte auditive.
- La moitié d’entre eux travaillaient dans un environnement dépassant les 75 dB(A).
- Être exposé à ce niveau de bruit multipliait par 7 le risque de perte auditive.
- Mais ce n’est pas tout : certains facteurs aggravent encore ce risque.
Facteurs de risque aggravants
Par rapport à un agent non concerné, le risque de perte auditive est :
- 10 fois plus élevé chez les fumeurs.
- 12 fois plus élevé chez ceux qui ont des loisirs bruyants (écoute prolongée au casque, karaoké, etc.).
- 6 fois plus élevé chez ceux ayant déjà eu des problèmes ORL.
- 4 fois plus élevé après 30 ans.
En revanche, l’ancienneté dans le métier (plus de 2 ans) n’a pas montré d’impact significatif.
Les activités bruyantes comme l’écoute de musique via casque ou karaoké sont fortement corrélées à la survenue de surdité professionnelle. Ces loisirs s’ajoutent à l’exposition professionnelle pour aggraver les effets cumulatifs du bruit.
Les résultats confirment que l’exposition professionnelle au bruit est le facteur principal de perte auditive, mais que le mode de vie personnel joue un rôle essentiel dans la sévérité. Le tabac, en provoquant vasoconstriction et hypoxie cochléaire, accentue les effets nocifs du bruit. Les loisirs bruyants, par accumulation des expositions, réduisent les temps de récupération des cellules ciliées auditives.
La fréquence la plus atteinte est celle de 4000 Hz, zone classique du traumatisme sonore chronique. Ces résultats concordent avec de nombreuses études sur la surdité liée au bruit en milieu industriel ou militaire.
Recommandations
- Prévention technique :
- Fourniture obligatoire de protections auditives.
- Affichage d’affiches de sensibilisation.
- Sanctions pour non-port d’EPI.
- Surveillance médicale :
- Audiogramme annuel systématique.
- Dépistage des fumeurs à risque.
- Éducation à la santé auditive :
- Sessions de sensibilisation sur le bruit au travail et dans la vie privée.
- Formation à l’utilisation correcte des bouchons.
Conclusion
Chez les agents du PPSU de Jakarta-Nord, la surdité professionnelle concerne 60 % des effectifs. L’exposition à un niveau de bruit ≥ 75 dB(A) multiplie par 7 le risque de perte auditive. Ce risque est fortement aggravé par le tabagisme et les loisirs bruyants. Des actions combinées de prévention, d’éducation et de suivi médical sont nécessaires pour freiner cette épidémie silencieuse.
Source
Djaali, N. A., Putri, S. A., Sihite, D. L., et al. (2018). Analysis of the Relationship of Noise Exposure and Hearing Loss in PPSU Workers in North Jakarta, Science Journal of Public Health, 6(5), 140–144.
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