Fit-testing des protections auditives incontournable ?

Le fit-testing, ce test d’ajustement individuel des protections auditives s’impose peu à peu comme une bonne pratique dans les programmes de prévention du risque bruit. Mais ce n’est que le début : les dernières avancées technologiques ouvrent la voie à une protection réellement personnalisée, mesurable et évolutive. Le symposium international sur le sujet, organisé en 2024, dresse un panorama des innovations les plus prometteuses.

Fit-testing

1. L’évolution du fit-testing : du laboratoire au terrain

Depuis les années 1970, les méthodes de fit-test ont évolué :

  • Des systèmes lourds de laboratoire (requérant tout un rack d’équipement),
  • À des solutions informatisées portables, comme FitCheck ou FitCheck Solo,
  • Puis à des méthodes de test in situ, notamment les systèmes REAT (Real-Ear At Threshold) ou F-MIRE (Field Microphone-In-Real-Ear).

Ces méthodes permettent de mesurer directement, pour chaque salarié, l’atténuation réelle obtenue avec ses propres protections auditives — un bond en avant par rapport aux valeurs standardisées des fabricants.

2. Gagner du temps : mesurer moins de fréquences, mais mieux

Une des limites du fit-testing est le temps nécessaire (jusqu’à 15 minutes). Des études ont montré qu’il est possible de réduire les tests à trois fréquences clés (500, 1000 et 2000 Hz) sans perdre de précision significative sur le PAR (Personal Attenuation Rating).
→ Résultat : des tests plus courts (2–4 min), mais toujours fiables.

3. Mesurer l’exposition réelle : la révolution des dosimètres intra-auriculaires

Le test d’ajustement mesure l’atténuation potentielle. Mais qu’en est-il de l’exposition réelle au bruit dans l’oreille, tout au long de la journée ?

Des systèmes comme doseBusters, PIC-100 de 3M, ou encore le Smart Alert de Minuendo, permettent désormais :

  • De mesurer en continu le niveau sonore derrière le protecteur auditif,
  • De détecter un mauvais ajustement en temps réel,
  • Et d’alerter l’utilisateur immédiatement s’il dépasse un seuil de danger.

On passe ainsi d’une logique d’estimation statistique à une mesure directe de l’exposition, ce qui améliore radicalement la précision des programmes de prévention.

4. Tester plusieurs personnes à la fois : des systèmes multipostes en développement

Pour les grandes entreprises, le frein principal est le temps et la logistique. De nouveaux systèmes comme WAHTS permettent de tester jusqu’à 7 personnes en parallèle, avec des casques connectés et des interfaces simplifiées. Cela ouvre la voie à une intégration fluide dans les visites médicales périodiques.

5. Un avenir connecté, intelligent, intégré

L’objectif final est clair :

  • Un test rapide, combiné à l’audiogramme annuel,
  • Un suivi continu, avec transmission automatique des données d’exposition,
  • Une réponse immédiate, en cas de mauvaise insertion ou de dépassement de seuil.

Les retours utilisateurs sont également très positifs : la prise de conscience du bruit devient individuelle, et les comportements s’ajustent d’eux-mêmes.

Conclusion

Le fit-testing est en train de franchir une nouvelle étape : du diagnostic ponctuel à la surveillance continue. Avec les nouvelles technologies de mesure in-ear et les systèmes connectés, il devient possible de garantir à chaque salarié une protection réelle, personnalisée, et vérifiable. Pour les entreprises, cela signifie un double bénéfice : réduire le risque de surdité professionnelle et renforcer la conformité réglementaire.

Source

Murphy W. J., Flamme G. A., Norris J. A., Michael K. L., Kvaløy O. (2024). Novel Solutions for Hearing Protector Fit Testing – Outcomes of the International Hearing Protector Fit-Testing Symposium. Proceedings of Meetings on Acoustics, Vol. 53, 002004.