Le risque de blessures professionnelles augmente avec l’exposition au bruit et la perte auditive

Le risque de blessures professionnelles augmente avec l’exposition au bruit et la perte auditive, plus ces derniers sont importants plus le risque est grand. Dans les milieux industriels bruyants, la perte auditive n’est pas seulement une atteinte de la santé auditive : elle compromet également la sécurité des travailleurs. Une étude menée sur plus de 46 000 travailleurs québécois montre que l’exposition au bruit élevé et la surdité professionnelle augmentent de manière significative le risque de blessures professionnelles graves nécessitant une hospitalisation.

Le risque de blessures professionnelles augmente avec l'exposition au bruit et la perte auditive

L’étude en quelques mots

Entre 1987 et 2005, 46 550 hommes exposés à un bruit professionnel d’au moins 80 dB(A) ont été suivis pendant 5 ans après un test auditif. Parmi eux, 1 670 (3,6 %) ont subi au moins un accident du travail ayant entraîné une hospitalisation.

L’analyse révèle que :

  • Chaque décibel de perte auditive supplémentaire augmente significativement le risque d’accident (Hazard Ratio = 1,01 par dB de perte auditive ; IC 95 % : 1,006 à 1,013).
  • Travailler dans un environnement où le bruit atteint ou dépasse 100 dB(A) double le risque d’accident grave (Hazard Ratio = 2,36 ; IC 95 % : 2,01 à 2,77).

Pourquoi le bruit et la perte auditive augmentent ils le risque de blessures professionnelles ?

L’exposition au bruit intense perturbe plusieurs capacités essentielles à la sécurité :

  • Compréhension des signaux d’alerte et de communication orale.
  • Surveillance des bruits de fonctionnement anormaux des équipements.
  • Maintien de l’attention et de la vigilance, particulièrement dans les tâches complexes ou multitâches.

Chez les travailleurs souffrant de surdité professionnelle, ces effets sont encore exacerbés. Le phénomène de masquage auditif (notamment la montée du masquage vers les aigus) réduit encore davantage la capacité de percevoir des signaux sonores importants.

Quelles actions pour limiter les risques ?

Face à ces constats, plusieurs actions concrètes doivent être envisagées :

  • Éviter l’exposition à des niveaux de bruit ≥100 dB(A). Lorsque cela n’est pas possible, isoler les postes, réduire les niveaux sonores par des aménagements techniques ou limiter la durée d’exposition.
  • Renforcer la protection auditive. Assurer que les protecteurs auditifs sont bien adaptés, confortables et réellement portés en continu.
  • Prioriser la protection des travailleurs ayant une perte auditive. Ils doivent être particulièrement protégés dans les environnements les plus bruyants, surtout s’ils effectuent des tâches complexes.
  • Inclure l’audition dans l’analyse des accidents. Lors de toute enquête d’accident dans un milieu bruyant, évaluer l’état auditif du travailleur accidenté et les conditions sonores au moment de l’événement.

Conclusion

Le bruit intense et la surdité professionnelle sont des facteurs aggravants majeurs pour la survenue d’accidents du travail graves. Préserver l’audition des salariés et maîtriser l’environnement sonore n’est pas seulement une obligation de santé publique : c’est aussi un levier de sécurité indispensable.

Source

Girard SA, Leroux T, Courteau M, et al. (2014). Occupational noise exposure and noise-induced hearing loss are associated with work-related injuries leading to admission to hospital. Injury Prevention, Published Online First: 17 March 2014.