Porter un bouchon contre le bruit ne suffit pas

Porter un bouchon contre le bruit ne suffit pas. Une protection auditive, même de bonne qualité, est inefficace si elle est mal positionnée. Cette affirmation, évidente pour beaucoup de professionnels de la prévention, vient d’être confirmée par une étude menée au sein d’une entreprise industrielle au Bahreïn : les salariés qui portent mal leur bouchon d’oreille ont significativement plus de pertes auditives que ceux qui le portent correctement.

Porter un bouchon contre le bruit ne suffit pas

Une étude de terrain, sur plus de 500 travailleurs

L’étude a été menée en 2016 dans une grande entreprise pétrolière du Royaume de Bahreïn. 538 travailleurs issus de différents départements ont été recrutés. Leur port du bouchon a été évalué visuellement (port correct ou incorrect), et des tests audiométriques ont été réalisés. L’objectif : comparer les seuils auditifs entre les deux groupes.

Les chercheurs ont également analysé si des facteurs comme l’âge, la fonction ou le département de rattachement influençaient le bon port du protecteur.

47 % des travailleurs mal protégés malgré le port d’un bouchon

Les résultats montrent que :

  • 52,2 % des travailleurs portaient leur bouchon correctement ;
  • 47,8 % le portaient mal, malgré les campagnes de sensibilisation internes.

Ce taux élevé de non-conformité souligne une limite importante des approches purement informationnelles (affichage, rappel) : elles ne garantissent pas l’efficacité réelle du geste.

Des conséquences directes sur l’audition

Les tests audiométriques ont montré que :

  • 59,8 % des travailleurs qui portaient bien leur bouchon avaient un seuil auditif normal ;
  • En revanche, 22,3 % de ceux qui le portaient mal présentaient une perte auditive significative.

Autrement dit : le port correct protège réellement l’audition, et ce de manière mesurable.

Seul le service a un lien significatif avec le bon port

Les chercheurs ont analysé plusieurs facteurs :

  • Âge, fonction (technicien, opérateur…), statut (employé ou prestataire) : aucun n’a montré de corrélation significative avec le bon port.
  • Seul le service auquel appartenait le salarié avait un lien statistiquement significatif avec le port correct du bouchon (p < 0,002).

Le service « Oil Processing » (raffinage) avait à la fois le plus grand nombre de salariés correctement protégés et le plus fort niveau d’exposition au bruit. Ce paradoxe pourrait s’expliquer par une prise de conscience accrue dans les zones les plus bruyantes, ou par une surveillance plus rigoureuse.

Le bon usage d’un bouchon contre le bruit ne va pas de soi

Malgré une politique d’affichage et de formation succincte, près de la moitié des salariés n’utilisait pas correctement leur EPI. Cela confirme ce que d’autres études avaient montré :

  • La seule mise à disposition d’un bouchon n’est pas suffisante ;
  • Il faut former, observer, corriger les gestes ;
  • Des évaluations régulières de l’usage réel sont nécessaires pour ajuster la prévention.

Conclusion

Cette étude de terrain montre que la différence entre protection théorique et protection réelle dépend d’un simple détail : le bon geste d’insertion.
Former les salariés, contrôler le bon usage, et adapter les protections à l’anatomie de chacun est un levier puissant pour éviter les pertes auditives, même dans les environnements bruyants.

Source

Saad, S.M. et al. (2021). The study of hearing threshold of workers in an industrial company: A comparison of those who wear earplugs correctly and those who do not. Journal of Medical Care Research and Review, 4(7), 1054–1059.