Une étude sur 4 ans montre une perte auditive progressive des salariés
Une étude sur 4 ans montre une perte auditive progressive des salariés. Le bruit ne blesse pas d’un coup. Il use. Lentement, silencieusement. Et dans de nombreux secteurs industriels, cette usure passe inaperçue jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Une étude conduite dans une raffinerie de pétrole iranienne entre 2014 et 2017 illustre parfaitement cette réalité : l’élévation progressive des seuils auditifs des salariés, en parallèle de l’augmentation du niveau sonore ambiant.
Cet article synthétise les enseignements clés de cette étude pour nourrir les actions de prévention en entreprise.

4 ans de suivi, des seuils qui montent
L’étude a suivi 551 salariés à travers leurs examens médicaux périodiques sur 4 ans. Trois unités ont été observées : exploitation, maintenance, et administratif.
Niveau sonore moyen (dB(A)) par unité :
- Exploitation : de 88 dB (2014) à 96 dB (2017)
- Maintenance : de 90 dB à 94 dB
- Administratif : stable à ~69 dB
Simultanément, les seuils auditifs moyens (en dB HL) se sont élevés significativement sur toutes les fréquences étudiées, notamment à 1, 4 et 6 KHz, fréquences typiquement impactées par le bruit.
Exemple : oreille gauche à 4 KHz
- 2014 : 15,49 dB
- 2017 : 31,40 dB
Soit une élévation de plus de 15 dB en 4 ans.
Facteurs aggravants identifiés
- Âge : les salariés de plus de 40 ans étaient deux fois plus susceptibles d’avoir une perte auditive.
- Ancienneté : au-delà de 15 ans d’exposition, le risque double également.
- Fréquences hautes (4 et 6 KHz) : atteintes en premier, typique d’une surdité professionnelle.
Ces résultats confirment les travaux de l’OSHA : la surdité professionnelle figure parmi les 10 pathologies liées au travail les plus fréquentes.
Messages clés pour la prévention pour réduire la perte auditive
- Mesurer régulièrement les niveaux sonores réels des postes (bruit ambiant ET pics).
- Faire le lien entre les expositions et les audiogrammes : toute évolution doit être analysée.
- Agir avant l’apparition des seuils à 25 dB HL : ce n’est pas encore une surdité, mais c’est déjà une alerte.
- Limiter les durées d’exposition sur les postes >85 dB(A) en aménageant les rotations.
- Cibler les protections auditives non pas les plus atténuatrices, mais les mieux tolérées, portées et compatibles avec la communication.
- Former les salariés à reconnaître les premiers signes de baisse d’audition (difficultés de compréhension, fatigue en conversation, etc.).
- Tenir compte de l’âge et de l’ancienneté dans les stratégies de prévention : personnaliser, c’est protéger.
Conclusion
Cette étude confirme une vérité connue mais souvent négligée : l’exposition continue au bruit provoque une perte auditive mesurable en quelques années seulement. Dans les environnements bruyants, l’audiométrie ne doit pas être une simple formalité réglementaire. C’est un outil de veille de santé publique en entreprise, un baromètre de l’efficacité réelle des protections mises en place.
Source
Zare, R., & Roustaee, S. (2021). 4-Year retrospective study hearing level among of Oil Refinery Company employees based on the results of medical examinations. Work Health, 2(1), 11–16.
Aller plus loin
Consultez l’article La perte auditive professionnelle un enjeu sous-estimé